Expérimentation,
Protection des cultures,
Productions végétales
Dernière mise à jour le 04 septembre 2024
Introduction de Ganaspis
Extrait de l’article publié par le CNRS 22.06.2023, par Martin Koppe :
« Les drosophiles sont de petites mouches qui ne causent habituellement pas de souci aux agriculteurs, car elles ne pondent que dans des fruits déjà en décomposition. L’introduction accidentelle en 2008 en Europe et aux États-Unis de la Drosophila suzukii, originaire d’Asie du Sud-Est et reconnaissable par les ailes tachetées (des mâles), a cependant radicalement changé la donne. La mouche s’est depuis largement répandue et provoque d’énormes dégâts aux cultures fruitières. »
« Cette menace force les agriculteurs à changer leurs pratiques. Ils doivent ainsi récolter les fruits tous les deux jours, au lieu d’une fois par semaine, afin de les réfrigérer au plus vite. Le froid tue en effet l’essentiel des œufs, avant l’apparition d’une larve qui commencerait à attaquer le fruit. »
- Cerises (800 ha de vergers en Ardèche), petits fruits (fraise, framboise, mures, myrtilles)
- Impact moins important : prunes, abricots, figues
- Nombreuses plantes hôtes sauvages : ronces, sureaux, églantiers…
Les taux de pertes sont très variables d’une année à l’autre, d’une variété à l’autre… mais peuvent aller jusqu’à 100% (quand le taux de dégâts devient significatif, la récolte est le plus souvent abandonnée car les coûts pour le tri sont trop importants).
Du fait de la topographie du département, peu de solutions s’offrent aux producteurs. La lutte en Ardèche est essentiellement prophylactique et/ou chimique, avec une stratégie de protection qui peut être très lourde et parfois sans l’efficacité attendue.
Autres techniques existantes :
- Les filets anti-insecte. Il existe 3 systèmes : Mono rang (couverture rang par rang), monoparcelle (couverture de toute la parcelle) ou périphérique (autour de la parcelle, doit avoir une hauteur suffisante). Les filets monorangs ou monoparcelles sont très efficaces mais nécessitent le plus souvent un verger adapté (à penser dès la plantation) et représentent une grosse contrainte de coûts de faisabilité, notamment dans les vergers en côteaux
- Applications d’argile (barrière physique qui empêche les piqures) : cette technique présente une efficacité intéressante mais a l’inconvénient de tâcher les fruits. Elle nécessite donc une solution de nettoyage des cerises.
- Piégeage massif : il peut être installé en complément de la lutte chimique mais présente une efficacité variable selon les vergers.
A titre encore expérimental :
- Parasitoïdes indigènes Européens : dans les essais menés, l’efficacité n’est pour l’instant pas satisfaisante. Les individus présentent une faible résistance aux conditions climatiques du sud-est.
- Technique de l’insecte stérile : les recherches sont en cours, la méthode est encore au stade expérimental.
Extrait d’un article publié par l’INRAE (https://www.inrae.fr/actualites/ganaspis-cf-brasiliensis-souche-g1-guepe-parasitoide-combattre-drosophile-ailes-tachetees)
« La lutte biologique par acclimatation représente une option viable pour la gestion durable de ce ravageur polyphage. En effet, en Asie, de nombreux parasitoïdes attaquent les larves de drosophile à l'intérieur du fruit, où les pesticides sont moins efficaces. De plus, ces ennemis naturels peuvent fortement réduire les populations de mouches dans les réservoirs naturels (habitats non cultivés notamment) où les méthodes de gestion sont inexistantes, réduisant ainsi la pression démographique dans les cultures commerciales. Enfin, en établissant des populations pérennes dans ces réservoirs non cultivés, les ennemis naturels peuvent jouer un rôle unique dans le contrôle global de D. suzukii. »
« Devant l’absence ou le faible impact des parasitoïdes de drosophiles européens sur D. suzukii, des efforts considérables ont été déployés pour collecter, identifier et étudier des parasitoïdes prometteurs dans la zone d'origine de D. suzukii (Chine, Corée, Japon), en vue de leur utilisation potentielle. »
« L’équipe Recherche et Développement en Lutte Biologique (RDLB) de l’Institut Sophia Agrobiotech (ISA) d’INRAE, en collaboration avec leurs collègues du Centre for Agricultural Bioscience International (CABI), ont ainsi collectés des parasitoïdes larvaires exotiques parmi lesquels Ganaspis cf. brasiliensis et Leptopilina japonica sont les plus abondants. Les évaluations menées au laboratoire ont permis de compléter les connaissances déjà acquises par des laboratoires d’autres pays (Etats-Unis, Italie, Suisse). Les résultats ont notamment montré qu’une souche de G. cf. brasiliensis (souche G1) présentait une forte spécificité vis-à-vis de D. suzukii. … De plus, G. cf. brasiliensis (G1) présente une spécialisation marquée pour la niche écologique de D. suzukii, seule espèce de drosophiles en France et en Europe à se développer sur des fruits en cours de maturation. Le risque très limité sur les communautés indigènes a également été confirmé par des expérimentations de choix en conditions semi-naturelles qui ont confirmé que la souche G1 était très spécifique de D. suzukii"
Enjeu: diminuer les populations de D. suzukii à l’échelle du paysage, et notamment dans les réservoirs où elle est particulièrement présente.
La dispersion de G. cf. brasiliensis se fera par ces réservoirs naturels, d’où le parasitoïde pourra ensuite coloniser les zones cultivées adjacentes. L’efficacité de ces lâchers ne pourrait être visible que d’ici quelques années.
2 sites retenus en Ardèche en 2024 sur 4 sites proposés (Désaignes et 2nd site à l’étude pour l’automne 2024). D’autres sites devraient pouvoir rejoindre le protocole expérimental en 2025.
Objectifs :
1- Accélérer la régulation biologique de Drosophila suzukii à l’échelle du paysage (zones cultivées et non cultivées)
2- Caractériser l’impact de Ganaspis sur les communautés existantes
3- Suivi pré et post introduction à différents moments de l’année (collectes de fruits sauvages et cultivés)
4- En laboratoire : étudier les éventuelles interactions entre Ganaspis et d’autres parasitoïdes
Actions :
1- Production d’insectes
2- Mise en place d’un dispositif expérimental de 60 sites sur 3 ans : vergers cultivés possédant des réservoirs sauvages de Drosophila Suzukii
3- Lâchers : introductions expérimentales dans les zones réservoirs, sur 26 sites retenus en 2024.
4- Suivis terrain : pré introduction (caractériser l’état initial) et post lâcher (dynamique d’installation, mobilité)
Dans ce 1er épisode, Christel Césana, 1ère Vice-Présidente de la Chambre d'agriculture de l'Ardèche, présente :
- l'importance de la filière cerise en Ardèche,
- les difficultés rencontrées avec les méthodes de lutte actuelle contre la drosophile,
- le projet d'expérimentation mené avec l'INRAe, porteur d'espoir pour toute la filière.
Dans ce 2e épisode, Sophie Buléon et Paul Sicot, conseillers à la Chambre d'agriculture de l'Ardèche, présentent les étapes préalables aux lâchers des ganaspis, parasitoïdes de la drosophila suzukii :
de vergers de cerisiers en péril en Ardèche
Pour le site de Désaignes, 2 lâchers : 07 mai 2024 et un second lâcher complémentaire prévu en septembre 2024
A la base du succès de la lutte biologique contre le cynips du châtaignier
En 2015 ont eu lieu les premiers lâchers de torymus sinensis, micro-hyménoptère à la base du succès de la lutte biologique contre le cynips du châtaignier.
Une collaboration historique entre INRAE - Chambre d'agriculture de l'Ardèche
Contact INRAE :
Nicolas Borowiec – Adrien Le Navenant
INRAE PACA - Institut Sophia Agrobiotech
400 route des Chappes
06903 Sophia Antipolis
Tel.: 04.92.38.65.00
Mail.: nicolas.borowiec(at)inrae.fr, adrien.le-navenant(at)inrae.fr
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Conseiller arboriculture et agronomie